L’Etrange histoire de Benjamin Button
L’étrange histoire de Benjamin Button est un chef-d’œuvre. Au sens propre comme au figuré. Le travail d’un artisan, David Fincher, qui entre dans la cour des grands metteurs en scène du cinéma. Grâce à un film qui atteint la quasi-perfection autant sur le fond que sur la forme.
Librement adapté d’une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald, le scénario est signé par Eric Roth, déjà oscarisé pour Forrest Gump. L’histoire d’un bébé né avec l’apparence d’un homme de 80 ans et qui rajeunit avec le temps. L’enfant est voué à une mort certaine et imminente, avant d’être recueilli par une femme au sein d’une maison de retraite. Entouré par la vieillesse et la mort si naturelles en ce lieu, Benjamin prend peu à peu conscience de l’emprise particulière que le temps a sur lui. Le film traite ainsi du temps qui passe et sur lequel personne, pas même Benjamin Button, n’a de prise.
Entre love story et épopée
Enfant emprisonné dans le corps d’un vieillard, il fait la connaissance de Daisy, la petite-fille d’une des pensionnaires. Entre eux naît une relation particulière qui se poursuivra tout au long de leurs vies, menées à contre-courant. Car le film est également une grande histoire d’amour. Celle d’un amour impossible ou tout du moins voué à ne durer qu’un court moment. Celui où Benjamin et Daisy se trouvent enfin à la même époque de leur vie.Mais le film n’est pas qu’une simple love story. C’est aussi une épopée. Celle d’un homme qui traverse les époques et le monde, de l’Armistice de la Première Guerre mondiale à l’ouragan Katrina, de la Nouvelle-Orléans à Paris en passant par la Russie. Ce long voyage est peuplé de personnages secondaires qui feront évoluer Benjamin chacun à leur manière. C’est peut-être là que l’on retrouve le plus la patte du scénariste de Forrest Gump. Eloge de la différence, celle d’un homme pas comme les autres qui embrasse sa condition et mène une vie hors du commun.
Un réalisateur et des acteurs au sommet de leur art
David Fincher aurait très bien pu se laisser envahir par cette histoire et tomber dans le pathos souvent en vigueur à Hollywood. Il aurait aussi pu sombrer dans la démonstration de style comme dans ses premiers films. Mais le réalisateur maîtrise son film de bout en bout pour servir son histoire. Ainsi, l’image évolue avec le temps. Des tons sépias durant l’enfance de Benjamin, puis éclatants lorsqu’il atteint la fleur de l’âge et des couleurs beaucoup plus crues au moment où le récit prend fin. Pour donner vie au vieillissement et au rajeunissement des personnages, le film a largement recours aux effets spéciaux. Mais, là encore, aucune surenchère. La technique ne sert que l’interprétation des acteurs. Brad Pitt s’éloigne ainsi de son image de sex-symbol pour incarner avec pudeur son plus beau rôle à ce jour. Cate Blanchett, elle, livre une interprétation lumineuse de cette femme moderne qui fait fi des conventions. C’est une phrase de Mark Twain qui inspira en son temps Fitzgerald : « La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans ». Ceux qui iront voir ce film ne pourront que lui donner raison…
Elorri Manterola
L’étrange histoire de Benjamin Button
Un film de David Fincher
Avec Cate Blanchett et Brad Pitt
Sortie le 4 février 2009
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